L’Asie centrale demeure l’un des points névralgiques du monde et depuis deux siècles les grandes puissances convoitent ses richesses. Sur ces terres millénaires, l’Orient et l’Occident n’ont en fait jamais cessé de se rencontrer ou de s’affronter. Darius et Alexandre, puis des généraux chinois ou arabes ont porté leurs étendards dans les immences steppes qui s’étendent de l’Amou-Darya au Sinkiang, avant que Gengiz Khan, Tamerlan, puis Babour, le premier des Gands Moghols y fondent de puissants empires. Au fil des siècles,des civilisations prestigieuses s’y sont succédé, dont Boukhara, Samarcande, Lhassa, Dunhuang et bien d’autres lieux ont gardé la mémoire. Toutes les grandes religions universelles y ont coexisté: le mazdéisme, qui y a pris sa naissance, le chamanisme, le manichéisme, le christianisme, l’islam et le bouddhisme qui devait gagner les hauts plateaux de Tibet et la Mongolie. La liste est longue des grands hommes qui y vécurent; Al-Kharezmi, connu dans le monde entier sous le nom Alghoritmus, Avicenne, le sultan des médecins, Al-Bérouni, al-Ferghani, Al-Farabi, les plus grands savants du monde musulman, Ouloughbek, le premier prince astronome des temps modernes. L’ancienne Route de la Soie a lomgtemps fait la fortune de l’Asie centrale. En Ouzbékistan, les oasis de la Route de la Soie sont à présent plus accessibles que jamais, il est meme possible d’emprunter en car la Route d’Or de Samarcande. Là, à la croisée de deux anciennes voies caravanières, les imposants domes bleus de la capitale impériale de Tamerlan, écrasent les longues batisses de la ville moderne. A Khiva et à Boukhara, les fabuleux labyrinthes de mosquées et de madrassas attirent des visiteurs du monde entier, comme ils ont fasciné au XIXe siècle les candidats du Grand Jeu qui traversaient les déserts au péril de leur vie.
Au Tadjikistan et au Kirghizstan les montagnes sont aussi belles et sauvages – et presque aussi hautes – qu’ailleurs dans le monde. Le Tian-Shan et le Haut Pamir n’ont pratiquement pas été foulés par un étranger depuis le début du XXe siècle. Ils sont peuplés de moutons sauvages et de marmottes, d’éleveurs de bétail dont les grands-parents furent les derniers nomades. Prendre un car de Bishkek au lac Issik-koul ou faire du stop de Khorog à Sari-Tash n’est pas un simple voyage. C’est de l’exploration. Meme au Kazakhstan, où au Turkménistan on voit encore des yourtes de bergers, en roulant sur cette steppe quasiment déserte.